Une série audiovisuelle lancée en 2014 par Frédéric Laugrand professeur à l’Université catholique de Louvain (UCL), et Emmanuel Luce, photographe, géographe, océanographe et doctorant en anthropologie à l’U. Laval.
Elle a pour vocation de transmettre, valoriser et préserver la mémoire et les savoirs des anthropologues et chercheurs en sciences sociales, en particulier ceux des premières générations au Canada et en France.
Loin des écrits académiques seuls, la série propose des témoignages intimistes et spontanés où les chercheurs, souvent filmés à domicile, se racontent : ils partagent leur vocation, leur trajectoire intellectuelle, leurs expériences de terrain, et leurs contributions théoriques et méthodologiques.
Le titre symbolise l’emprise mutuelle, où les chercheurs maîtrisent leurs objets d’étude, mais où ces objets demeurent fondamentaux dans leur existence.
La série a été conçue pour rendre ces archives accessibles et faire connaître ces travaux à un large public.
Présentation de la série « Les Possédés et leur monde » par le « World Council of Anthropological Associations »
Frédéric Laugrand (Université catholique de Louvain/Université Laval)
« Rien ne vaut votre propre visage parce que personne n’y croit ».
(F. Dostoïevski, Les Possédés, 1871)
Les Possédés et leurs mondes est une série audiovisuelle qui, depuis 2014, présente des témoignages et des réflexions d’anthropologues et de chercheurs en sciences humaines et sociales.
La série se veut tendre vers l’autobiographie et prendre le contrepieds de l’enquête journalistique pour privilégier une narration plus spontanée. Les invités se dévoilent, ils se racontent. Ils partagent leur vocation, leur trajectoire intellectuelle, leurs expériences de terrain et les savoirs qu’ils ont acquis au fil des années, consécutivement à leur immersion dans différents « mondes » de la planète. Les films proposent de longs récits au cours desquels « les possédés », filmés le plus souvent chez eux, reviennent sur leurs travaux, expliquent leur contribution sur les plans méthodologique, empirique et théorique. Le titre de la série évoque la célèbre citation de Dostoïevski mais son choix découle surtout de deux constats : les chercheurs consultés maitrisent et possèdent à merveille leurs objets tout comme ces derniers les possèdent, en ce sens qu’ils demeurent souvent fondamentaux dans leurs existences. Ainsi, les recherches ne semblent jamais terminées et se perpétuent au-delà de leur départ à la retraite.
Dès le départ, une question s’est posée de façon brûlante : quels héritages et quelles images les collègues qui appartiennent à la toute première génération de socioanthropologues du Canada et de France laissent-ils aux plus jeunes générations et à la communauté universitaire et non-universitaire ? Doit-on se contenter de leur production écrite (livres, articles, etc.) ? Et si l’on ne se résignait pas à cela, comment rendre accessible et valoriser la mémoire des collègues, comment saisir leur cheminement ? Comment faire connaître leurs travaux à un plus large public et préserver ces archives ? Les articles et livres demeurent bien souvent peu labiles sur le vécu personnel, les expériences de terrain, les difficultés et les hasards de l’existence, autant d’éléments qui permettent pourtant de comprendre la trajectoire intellectuelle d’un chercheur. Enfin, comment pousser les jeunes générations à retourner à ces travaux et les écrits de leurs mentors ?
Créée par Frédéric Laugrand, professeur à l’Université Laval à l’époque et aujourd’hui professeur à l’Université catholique de Louvain (UCL), et par Emmanuel Luce, photographe, géographe, océanographe et doctorant en anthropologie à l’U. Laval, la série se donne ainsi comme objectifs de transmettre, préserver, valoriser et partager les savoirs des sciences sociales sur le Web. La série a très tôt bénéficié des talents de Anthony Melanson, une étudiante en communication. Le projet a ensuite pu démarrer grâce à la confiance et à des appuis en nature de la faculté des sciences sociales de l’Université Laval et de plusieurs appuis financiers obtenus auprès du CRSH (Canada), de la revue Anthropologie et Sociétés, de la CASCA, de la Commission Wallonie-Bruxelles (Belgique) et du FNRS (Belgique).