Cancers féminins et mobilités thérapeutiques au Vanuatu

Alice Servy

Maîtresse de conférences en anthropologie à l’Université de Strasbourg

Présentation du séminaire
Vendredi 14 mars à 10h

Selon la Stratégie du secteur de la santé du Vanuatu 2021-2030, les maladies non transmissibles, tels les cancers, constituent un véritable problème dans l’archipel. Les cancers les plus fréquents seraient ceux du sein, du foie, du col de l’utérus, de la prostate et de la thyroïde. Les données sur les pathologies cancéreuses sont cependant peu fiables, du fait notamment des sous-diagnostics et des difficultés à tenir un registre des cancers à jour. Le recours à la biomédecine n’est pas systématique. Les personnes se présentent souvent dans les établissements de santé avec une suspicion de cancer avancé, voire métastatique, après avoir testé d’autres formes de médecines. Les moyens biomédicaux pour prévenir, diagnostiquer et traiter les cancers sont centralisés dans la capitale Port-Vila et sont extrêmement limités. Les biopsies réalisées à l’hôpital central de Port-Vila ne sont par exemple pas toujours envoyées en Australie pour analyse. La radiothérapie et la chimiothérapie ne sont pas disponibles dans le pays. Et il n’y a pas de système étatique institutionnalisé pour favoriser la coordination ou la coopération transnationale dans la prise en charge des patients. Malgré cela, des personnes ni-Vanuatu diagnostiquées ou suspectées d’avoir un cancer tentent de se rendre à l’étranger (principalement en Nouvelle-Calédonie, en Australie ou en Nouvelle-Zélande) pour réaliser un bilan d’extension ou se faire traiter.

 

En m’appuyant sur une enquête ethnographique réalisée en 2023 et mes recherches sur les questions de santé que je mène au Vanuatu depuis 2009, cette communication portera plus particulièrement sur l’expérience des femmes qui se déplacent ou non à l’international dans le cadre de leur cancer du sein ou de l’appareil reproducteur féminin. Mes matériaux, encore en cours d’analyse, mettent en avant de fortes inégalités liées notamment aux ressources économiques et aux réseaux sociaux, mais aussi au secteur d’activité, aux nationalités ou à la dénomination religieuse de ces femmes.