Intervention de Mark Collins lors de la conférence ESFO 2025

European Society for Oceanists

Jeudi 26 juin à 11h00
Lucerne, Suisse
« Le sexe du poisson : problèmes liés à la vie marine et problèmes liés à la société en Mélanésie insulaire »

Les habitants de l’île de Lavongai (Papouasie-Nouvelle-Guinée) sont principalement des horticulteurs et des pêcheurs. La pêche est sexuée dans la mesure où certains de ses outils sont associés aux hommes, notamment les pirogues, les lances et les filets. Certains espaces et techniques de pêche sont ainsi associés à un sexe plutôt qu’à un autre : les hommes pêchent à partir de canoës dans les eaux profondes et les femmes pêchent debout sur le platier récifal avec des lignes à main et des hameçons. Il est intéressant de noter que les habitants de Lavongai associent également certains oiseaux à ces cloisonnements sexospécifiques, techniques et spatiaux. Par exemple, plonger dans les eaux profondes à la recherche de gros poissons est du ressort du balbuzard pêcheur, tandis que marcher dans les eaux peu profondes et attraper de petits poissons est du ressort du héron des récifs du Pacifique. Ces éléments entrent en résonance – sans toutefois se recouper strictement – avec la façon dont la société Lavongai est organisée en douze clans qui portent chacun le nom d’un oiseau et dont les membres ont des associations spécifiques avec « leurs » oiseaux respectifs, ce qui évoque une ontologie « totémique ». De même, les poissons et autres animaux marins sont associés à certains espaces plutôt qu’à d’autres, notamment par le biais de leurs processus reproductifs et ontogéniques. La question qui se pose alors est la suivante : comment ces considérations « ontologiques » associant des catégories d’êtres vivants (humains, oiseaux, poissons et autres) à des lieux particuliers interagissent-elles avec les aspects sexospécifiques de la vie sociale ? En d’autres termes : comment le genre et l’ontologie « s’accordent-ils » ?