Intervention de Marc Tabani lors de la conférence ESFO 2025

« Figures alternatives de la souveraineté : rois étrangers et mouvements sociaux à Tanna (Vanuatu) »

Résumé :

La défense de la souveraineté du peuple Tanna sur son île a été exprimée à plusieurs reprises au cours de son histoire contemporaine. Avant même l’arrivée des Européens et les débuts de la christianisation puis de la colonisation, les man-Tanna, comme ils se nomment eux-mêmes en Bislama, ont inversé le contenu symbolique des apports culturels des groupes polynésiens installés sur les îles extérieures d’Aniwa et Futuna par de nouveaux rites et mythes. Avec l’avènement de la colonisation, l’hégémonie des colons , des missionnaires puis des représentants du Condominium a été successivement contestée . Les expressions de cette résistance ont culminé peu avant l’indépendance dans une tentative de l’île de se séparer du nouvel État. Cet article se concentrera sur certains aspects surprenants de cette résistance, à savoir l’implication de personnalités étrangères, symboliques ou réelles, dans les mouvements qui y ont conduit. Des mouvements sociaux tels que le mouvement millénariste de John Frum et plus tard le mouvement Kapiel ont placé à leur tête des étrangers , dont certains se sont proclamés représentants, ambassadeurs, présidents ou même rois de cette île. Un objectif supplémentaire sera de relier ces pages de l’histoire de Tanna avec le thème anthropologique longtemps débattu de l’étranger roi dans le Pacifique.