European Society for Oceanists
Résumé :
Sur la côte Rai de Madang, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, tous les aliments ancestraux viennent de quelque part et de quelqu’un. De nombreux aliments sont « lourds » de connaissances et d’obligations. Ils font partie intégrante de la création des formes de vie humaine sexuée auxquelles le peuple reite attache de l’importance. Les jeunes femmes reites qui atteignent l’âge de la ménarche sont soumises à des tabous alimentaires stricts et, avec les autres restrictions qui leur sont imposées, cette analyse met en évidence la responsabilité mutuelle des habitants de la côte raï à l’égard des capacités des uns et des autres, dans un cadre spécifiquement intergénérationnel. L’anthropologie féministe a établi la nécessité de comprendre le genre comme faisant partie de la parenté et vice versa. L’ouvrage de Lutkehaus et Roscoe sur l’initiation féminine en Mélanésie a montré l’importance des rites du cycle de vie pour comprendre la ménarche et d’autres rituels d’initiation. Le matériel de la côte de Rai illustre en outre la manière dont les connaissances et les capacités acquises par les femmes au cours des rites sont orientées vers des processus plus longs de reproduction sociale et cosmique. Le savoir, loin d’être une propriété commune des adultes, est mis en évidence comme étant sexué, ancestral, spécifique et substantiel. Les tabous mettent l’accent sur la position individuelle, la spécificité des connaissances et des capacités, ainsi que sur les obligations particulières. L’analyse met ainsi en évidence une approche explicative : l’attention portée aux éléments spécifiques qui façonnent les processus intergénérationnels.