Intervention de Guillaume Aleveque lors de la conférence ESFO 2025

European Society for Oceanists

Jeudi 26 juin à 14h30
Lucerne, Suisse
« La souveraineté dans les marges de l’Etat. Patrimoine, représentativité et territoire en Polynésie française »

Résumé :

Dans le contexte historique particulier de la Polynésie française, où les institutions précoloniales ont presque totalement disparu sous la pression législative de l’État, et où le statut d’autonomie permet une profonde ambiguïté politique, une dimension de la souveraineté ne peut être appréhendée qu’en marge de la contestation directe de l’État. A cet égard, toute une série de pratiques d’affirmation culturelle ne peuvent être considérées comme de simples moyens symboliques de souligner l’autochtonie et l’appartenance. Au contraire, la prise en compte de ces phénomènes sociaux très divers et parfois éphémères permet de mieux comprendre les dynamiques sociales et historiques de la souveraineté, définie ici comme un espace et un objectif politiques, plutôt que comme un attribut du pouvoir. Cette présentation examine trois collectifs de revitalisation contemporains à Tahiti dont les revendications sont distinctes, mais qui ont en commun la réappropriation du patrimoine précolonial et préchrétien comme ressource pour contester la représentativité de l’État et réévaluer la définition et les usages du territoire (te fenua) : l’association Haururu, qui fait de la culture le cœur d’un renouveau de la personne et de la société polynésienne ; Te Hivarereata, avec son néopaganisme émancipateur ; et les revendications royalistes plus récentes d’une branche locale du royaume polynésien d’Atooi. Chacun à leur manière, ces collectifs questionnent les limites de la souveraineté.