Ethno-choses et l’anthropologie de l’espace

Ethno-choses : épistémologie et anthropologie des savoirs pratiques

Présentation du séminaire
Vendredi 13 juin 2025 2025 de 14h à 17h

 

Lieu : Centre de la Vieille-Charité, Salle C

 

 

Séminaire de l’EHESS – Marseille, UE683, organisé en partenariat avec le séminaire du Centre de recherche et de documentation (CREDO)

Éric Vandendriessche (référent),
Sébastien Galliot,
Frédéric Joulian

Béatrice Collignon (Géographe. Université Bordeaux Montaigne / UMR 5319 Passages)

 
Des ethnogéographies des années 1990 aux savoirs vernaculaires et représentations – hypothèses sur les raisons de cet abandon

 

Au début des années 1990, sous l’impulsion notamment de Joël Bonnemaison, les travaux de plusieurs géographes, notamment de doctorants, s’orientent vers l’étude d’ethno-géographies, appréhendées comme des ethno-sciences. A la fin de la même décennie, le terme disparaît des communications et publications des mêmes géographes, et leurs recherches se reformulent autour des « savoirs vernaculaires » pour les uns, des « représentations » pour les autres – majoritaires. Sans que soient, à l’exception d’une ou deux publications, explicitées ces réorientations.
Le séminaire consacré aux « ethno-choses » sera l’occasion de formuler quelques hypothèses sur les raisons de l’abandon d’un champ de recherche dont les premiers résultats étant pourtant prometteurs. Au-delà de choix stratégiques liés à des enjeux institutionnels (positionnement de laboratoires en lien avec la politique du CNRS), c’est l’opérationnalité de la notion pour une géographie humaine dont les approches sont en pleine réorganisation – entre analyse spatiale, géographie sociale et géographie culturelle principalement – qui s’affaiblit.
Mon propos s’appuiera sur l’évolution de mes propres recherches et terminologies, consacrées à la géographie des Inuit de l’arctique central (Canada), pour proposer un éclairage sur les raisons de la courte vie des travaux sur les ethno-géographies, et interroger l’idée de leur maintien sous d’autres noms.

Eric Pearthree (archéologue, chercheur indépendant)

 

« A travers la mer des étoiles : Navigation hauturière en Océanie »


Le peuplement des îles du Pacifique occidental et central, entre 2 000 et 4000 ans avant notre ère, puis celles de Polynésie orientale au cours du dernier millénaire, a reposé sur l’invention de techniques de navigation inter-îles permettant de trouver des terres après plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines de navigation hors de vue des côtes. Les premiers explorateurs occidentaux ont consigné suffisamment d’informations sur les pirogues pour remplir plusieurs ouvrages, mais à l’exception de quelques brèves notes, très peu de choses ont été conservées sur les pratiques de navigation. La seule région où cet art a continué à être pleinement pratiqué, avec la formation de navigateurs experts, est celle des 26 atolls des îles Carolines. Les écrits de Thomas Gladwin et David Lewis qui furent apprentis-navigateurs auprès de certains de ces navigateurs-experts dans les années 1960 serviront de base de discussion ici. Les bribes de savoirs maritimes recueillies dans d’autres archipels laissent penser que le système présenté ici —ou quelque chose de très proche — fut autrefois répandu en Océanie.